Isabelle Rigoni, maître de conférences en sociologie, INSHEA, équipe Grhapes, chercheure associée au Centre Émile Durkheim
Myriame Ali-Oualla, architecte DE, ENSAP de Bordeaux, doctorante en sociologie, Centre Émile Durkheim, laboratoire PAVE
Suite à la journée d’étude du 27 février 2018, organisée dans le cadre de l’atelier MMV (Médias et méthodes visuelles) et dédiée aux Migration[s] en images, nous avons souhaité coordonner ce numéro en associant les méthodes visuelles et les problématiques migratoires au prisme de différentes interprétations disciplinaires des sciences humaines et sociales. Souhaitant nous éloigner des discours médiatiques en proposant d’autres représentations des migrations et des personnes qui en sont issues, nous avons voulu inviter les chercheurs à engager une réflexion sur l’utilisation cumulée de méthodes visuelles aux côtés des méthodes d’enquête qualitatives traditionnelles – observation et entretien. Ce dossier est ainsi conçu comme un espace de réflexion méthodologique sur les usages des outils visuels, et en particulier des images fixes et animées dans les travaux de sciences sociales portant sur les personnes en situation de migration.
Nous sommes frappées, depuis de nombreuses années mais plus singulièrement encore depuis l’accélération des arrivées migratoires vers les pays européens au cours des années 2000 et 2010, par la mise en scène médiatique des personnes en situation migratoire. La profusion des images liées aux migrations et aux personnes qui en sont issues perturbe le débat socio-politique en déformant le prisme par lequel les différents protagonistes (décideurs politiques, acteurs sociaux, chercheurs…) appréhendent le sujet. Pour mieux cerner ces perturbations et leurs effets, faisons ensemble un pas de côté vers les théories de la communication et de l’influence, en les appliquant non seulement à la communication médiatique mais plus particulièrement à ce que nous disent les images produites et diffusées dans l’espace public, en termes de dramaturgie migratoire (Ritaine, 2010). Depuis les analyses pionnières de Paul Lazarsfeld et d’Elihu Katz (1955 et 2008), de nombreux travaux ont mis en lumière les mécanismes persuasifs de l’information médiatique, à travers plusieurs modes opératoires aujourd’hui bien connus et dont les effets politiques et sociétaux ont été démontrés (Gerstlé, 1996). L’un d’entre eux est la « fonction d’agenda » (McCombs et Shaw, 1972), procédé selon lequel le calendrier des priorités sociales et politiques serait influencé par le coup de projecteur médiatique mis sur un événement ou un fait social particulier. Cette mise sur l’agenda révèle la capacité des médias, par excellence pourvoyeurs d’images, à structurer les préoccupations et les connaissances des publics. Ce mécanisme s’illustre ainsi, dans le cas des réseaux sociaux, par la montée en popularité de certains posts, qui auront d’autant plus de succès d’audience qu’ils s’inscriront dans une narration visuelle. Un autre effet persuasif est l’« effet de cadrage » (framing), que l’on peut définir comme une mise en scène favorable ou défavorable, c’est-à-dire le fait de « cadrer » les enjeux sociaux afin de les faire envisager d’une façon donnée (Derville, 2005). En choisissant de recourir à certains mots, métaphores visuelles ou images, les médias contribuent à façonner le cadre de référence à l’intérieur duquel le débat peut se situer. Ainsi, la banalisation de la rhétorique journalistique sur la « crise de l’immigration », aux dépens d’une analyse en termes de « crise de l’accueil » (Lendaro et al., 2019), de « crise des réfugiés » (Georgiou et Zaborowski, 2017) ou de crise de l’« hospitalité » (Agier, 2018 ; Brugère et Le Blanc, 2017) privilégiée par les chercheurs, exerce un effet sur la formation de l’opinion publique à l’égard des situations migratoires en contribuant à banaliser un discours devenu largement partagé sur le prétendu « problème » de l’immigration. Enfin, l’« effet d’amorçage » (priming), complémentaire du précédent, pèse quant à lui sur « les critères de jugement utilisés par le public » (Iyengar et Kinder, 1987) : plus un fait social est médiatisé, plus la probabilité de son influence tend à être importante en termes de choix politiques et de société. Parce que les médias ont le pouvoir de dire ce qui fait l’actualité et de mettre celle-ci en images, par exemple la « crise migratoire », cet énoncé devient une réalité qui se mue en préoccupation socio-politique majeure.
Dans un contexte de surmédiatisation des questions migratoires et de monstration tantôt stéréotypée, voire stigmatisante (Macé, 2007), tantôt misérabiliste (Flipo, 2017) des personnes en situation de migration, nous avons voulu (ré)interroger le champ des possibles en matière de recherches sociologiques et anthropologiques sur le sujet. Les sciences sociales s’intéressent depuis un siècle (Thomas et Znaniecki, 1919) aux méthodes et aux outils pouvant être mobilisés pour rendre compte au plus près des expériences migratoires (Berthomière, 2012), en particulier en s’appuyant sur les méthodes visuelles qui ont historiquement été utilisées dans le cadre de travaux sur les personnes marginalisées ou minorisées (Becker, 1963 ; Collier, 1967 ; Suchar, 1997 ; Chauvin et Reix, 2015). Nous avons souligné ailleurs les similitudes troublantes tout autant que les différences profondes entre le travail journalistique et celui mené par les chercheurs en sciences sociales (Clavé-Mercier et Rigoni, 2017). Si l’ambition commune est de recueillir un récit et de montrer une réalité, le rapport à la temporalité de l’enquête et surtout à ses outils diverge. Dès lors, quel apport particulier peuvent avoir les méthodes visuelles en sciences sociales en contrepoint des cadrages médiatiques parmi lesquels « l’ordre public » et « l’humanitaire » dominent (Benson, 2018), où « l’économique » accompagne la « sécuritisation » du sujet (Caviedes, 2015), voire une « crimmigration » (Brouwer et al., 2017) ? Comment peuvent-elles permettre de prendre le contre-pied de la dramaturgie médiatique relative aux migrations et révéler d’autres réalités, encore largement occultées ou bien déjà oubliées ? Quels outils alternatifs aux traditionnels moments d’observation et d’entretiens semi-directifs peuvent-ils être mobilisés, aux côtés de ceux-ci, et mis au service de l’émergence d’interprétations plurielles ? Comment redonner du pouvoir aux personnes migrantes enquêtées sans les contraindre par le point de vue du chercheur mais en laissant au contraire libre cours aux leurs propres ? Comment repenser et aménager les situations d’enquête en recourant à des outils qui, tout à la fois, dépassent et complètent l’habituelle oralité des échanges entre enquêteurs et enquêtés ? Comment les méthodes visuelles peuvent-elles offrir des alternatives narratives et ouvrir d’autres pistes réflexives, en particulier dans le champ des migrations déjà saturé d’images ?
Proposer des éléments de réponse à ces questions nécessite d’effectuer un détour par le chemin des usages de l’image en tant qu’outil des sciences sociales. Qu’elle soit fixe ou animée, l’image peut être utilisée à différentes fins et servir de multiples moyens.
L’usage premier de l’image est celui qui se rapproche le plus du sens commun, à savoir des images prises, collectées, regardées et montrées en tant que supports de souvenirs d’un lieu, de personnages ou encore d’époques. Ainsi, dans ce dossier, François Duchêne porte un regard diachronique sur les conditions et les modes de vie des familles migrantes salariées d’une ancienne cité ouvrière en analysant un corpus de photographies « banales » qui se voulaient, au moment de la prise de vue, une « objectivation du réel ». De même, les photographies montrées par Julie Leblanc sur la base d’une sélection d’archives personnelles par des femmes immigrées âgées d’origine maghrébine permettent de recueillir leurs mémoires des quartiers populaires des Minguettes à Vénissieux, et ce qu’elles y ont vécu. Également, Fabio La Rocca et Matthijs Gardenier prennent appui sur les images captées et stockées dans les téléphones mobiles de personnes en situation de migration, en soulignant que « le smartphone est devenu le réceptacle d’une mémoire individuelle de par son rôle de lieu de stockage et de visionnage des photographies ». Justifier auprès des enquêtés les prises de vue avec un appareil photographique ou un téléphone mobile est aussi un moyen de garder la trace d’un moment particulier (Armagnague et Rigoni, 2018). Qu’elles servent de clé d’entrée sur le terrain de recherche ou de support mémoriel aux personnes enquêtées, l’utilité première des images revient ici à favoriser les conditions propices à l’émergence d’un récit. Ainsi par exemple, l’outil photographique fonctionne comme un support basique de souvenirs, légitimant par-là même auprès des enquêtés la présence du chercheur parmi eux – et ce, avant même de servir à capter des moments sociologiquement signifiants pour l’enquête. Les images ainsi produites ou analysées dans ces différents contextes d’enquête servent donc bien, dans leur usage premier, à immortaliser des moments et des personnes, et à se les remémorer, comme on le ferait dans le cadre d’une pratique quotidienne et privée.
Pour autant, il convient de marquer notre profonde distance avec une orientation positiviste qui voudrait que les outils visuels, parce qu’ils captent une image à un instant précis, apportent un reflet juste du réel et se font l’écho du monde social qui nous entoure. Dans cette optique, les auteurs des images seraient des témoins et des observateurs neutres de faits sociaux, et les chercheurs des analystes impartiaux sans a priori ni parti pris. Ce paradigme repose ainsi sur plusieurs présupposés, comme l’énonce Patrick Charaudeau (2005) dans son analyse des médias et de l’information, avec laquelle nous proposons un fécond parallèle. D’une part, l’évidence du réel, qui voudrait que celui-ci soit doté d’un sens, unique et immuable, alors que le réel n’existe pas par lui-même mais justement par rapport aux sens qui lui sont donnés, sur le moment et a posteriori. D’autre part, la transparence du langage, qui voudrait que les mots que l’on choisisse pour évoquer, commenter ou analyser une image, les formes rhétoriques empruntées, soient sans incidence sur la vision que l’on a du fait social mis en images. Enfin, l’innocence de l’information, qui voudrait que les auteurs et les commentateurs des images ne soient guidés par aucune velléité d’influence en faveur d’une quelconque signification et n’interviennent pas dans l’imposition du sens. Les travaux menés ces dernières décennies dénoncent très majoritairement ce paradigme positiviste au profit d’un paradigme constructiviste basé sur l’idée qu’il n’existe pas de fait brut mais qu’au contraire toute réalité est construite (Berger et Luckmann, 1966). Ce qui se présente comme un fait lorsque l’on observe une image montrant un événement ou bien la posture d’un personnage, résulte d’une série de constructions : celles de l’auteur de l’image, celles du commentateur de l’image (parfois en interaction avec leur auteur, par exemple lors d’un entretien sociologique s’appuyant sur des outils visuels), celles de la personne qui analyse le fait social mis en image. Dans nos recherches actuelles, et plus particulièrement celles qui s’articulent autour de l’expérience spatiale des individus en migration, le recours à différents types de « récits » et de données visuelles – capturées, relevées et cartographiées – vise à composer un sens de la réalité. La capacité plurielle des outils visuels à donner à voir et à matérialiser des fragments de la réalité offre au chercheur un appareil méthodologique riche, qui s’adapte aux besoins ainsi qu’aux contraintes de chaque terrain. La composition des données visuelles représente un acte de subjectivité assumé, comme l’est par ailleurs toute tentative de construction de la réalité : aucune ne peut être pleinement renseignée.
Il est donc parfaitement illusoire de croire que le chercheur recueillerait des images vierges d’une quelconque interprétation première, autrement dit des images qui ne seraient que de simples souvenirs de lieux, de personnages ou d’époques, et que le chercheur s’efforcerait ensuite d’analyser avec le plus d’objectivité possible. Une illusion parce que, dans l’enquête reposant sur des méthodes visuelles, l’auteur des images et/ou le chercheur sélectionne(nt) dans l’ensemble du corpus mis à disposition, les événements ou les faits qui lui/leur paraissent susceptibles d’être analysés. En opérant une sélection, ils donnent une valeur différentielle aux images contenues dans le corpus. C’est bien ce que fait dans ce dossier François Duchêne lorsqu’il extrait de son riche corpus photographique les images permettant de justifier et d’illustrer sa démonstration. Pour leur part, tant Julie Leblanc que Fabio La Rocca et Matthijs Gardenier laissent libre cours à leurs enquêtées de sélectionner les images qu’elles souhaitent leur montrer, leur permettant ainsi de donner leur point de vue sur ce qu’elles trouvent le plus signifiant de leurs propres expériences sociales. Dans une perspective proche, Monika Salzbrunn choisit de filmer des migrants auxquels elle confère le statut d’« acteur » – des acteurs de leur propre mise en scène – leur laissant libre champ de montrer ce qu’ils veulent de leur personnalité ou de leur situation sociale. Sa démarche fait écho à celle de Chloé Buire, Lucile Garçon et Esfandyar Torkaman-Rad (2019) dans le précédent numéro de cette revue, sur la construction de démarches audiovisuelles participatives comme espace d’expérimentation épistémologique et politique dans lequel les enquêtés contribueraient à égalité avec le chercheur à la production des images les concernant. Enfin, Lisa Raport invite la famille qu’elle suit à renseigner tous les relevés habités qui lui servent de corpus d’analyse, afin d’intégrer aux dessins « objectivés » de la chercheure-architecte la subjectivité et le vécu des enquêtés.
Que ce soit l’auteur ou l’acteur de l’image ou le chercheur qui l’observe et l’analyse, l’acte de sélection même de l’image porte déjà en lui-même une portée signifiante. Qu’il le veuille ou non, le chercheur ne peut échapper à une multitude de choix lors de son accès au terrain et ne peut donc être un simple médiateur du sens de ce qu’il observe, en particulier à travers l’image qui lui est donnée à voir. Il sélectionne et interprète, même si cela se fait en co-construction avec les enquêtés. Pour autant, le chercheur n’est pas un interprète ordinaire dans la mesure où il opère cette interprétation au titre d’un rôle social et professionnel spécifique – ce que l’on comprend aisément si l’on considère que les relations d’enquête ne sont pas une banale situation d’échange social.
Bien au-delà de l’usage premier de l’image qui serait un outil participant d’un mécanisme mémoriel (dont le chercheur peut tirer profit), l’image permet ainsi également de donner à voir, dans une perspective de description ethnographique soucieuse de documenter la subjectivité (Conord, 2007). Les images peuvent alors servir de révélateur de situations et d’expériences migratoires, pour alimenter l’entretien ou favoriser l’expression du récit biographique. Dans ce dossier, Julie Leblanc défend l’élaboration d’un « dispositif de recherche partagée » et la co-construction d’ateliers avec les femmes enquêtées afin de « créer un espace d’expression et de création ». De même, Fabio La Rocca et Matthijs Gardenier revendiquent d’« utiliser l’image pour “faire parler” les migrants », justifiant cette pratique par le fait que « l’image offre […] des possibilités argumentatives ». Le travail de Lisa Raport confirme davantage le potentiel du support visuel à engager une coproduction de connaissance avec les enquêtés. Les relevés habités servent d’outil d’immersion par le corps et la mémoire dans des espaces virtuels, où le visuel raconte l’acte.
Plus encore, l’utilisation des images lors des entretiens permet de révéler des éléments qui auraient été occultés ou oubliés sinon et de faire surgir des réalités plurielles : l’observation commentée d’une image permet de laisser libre cours à diverses interprétations de la scène exposée et ainsi forcer le dialogue contradictoire entre l’enquêteur et l’enquêté. Dans quelques situations, il arrive en effet que l’enquêté s’oppose à la captation d’images, refuse de donner à voir, confirmant ainsi en creux, de par cette opposition affirmée, l’importance de l’image et de ses effets.
Enfin, l’image peut être utilisée comme source identitaire, les outils visuels étant alors envisagés comme une manière de voir le monde à travers les yeux d’autrui. C’est l’objet même de la contribution de Fabio La Rocca et Matthijs Gardenier, dont le travail autour de photographies sélectionnées par la personne enquêtée entend provoquer des réactions subjectives inattendues, que les enquêteurs n’étaient pas parvenus à faire surgir lors de la relation d’entretien préalable. Dans ce cas de figure, les images ainsi offertes au regard sociologique permettent non seulement de révéler l’épaisseur de l’expérience migratoire mais aussi et surtout, d’un point de vue épistémologique, d’endosser une posture empathique et compréhensive, au plus près de la manière de voir de l’enquêté. L’image fonctionne ici comme une construction visuelle de la vie quotidienne, où les personnes enquêtées élaborent des narrations visuelles sur leur vécu et leurs expériences, que le chercheur doit recevoir humblement avant même de les analyser1.
Ce dossier comporte cinq articles utilisant la photographie, le dessin et le documentaire filmé. Ces images ici exposées, discutées et analysées correspondent à une multiplicité de pratiques méthodologiques et épistémologiques de la part des contributeurs à ce dossier. La formule de François Duchêne sur les « trois vies publiques de la photographie » qu’il identifie comme militante, scientifique et artistique, s’applique plus largement à l’ensemble des images contenues dans les articles qui suivent. Ces « trois vies » correspondent à trois registres d’action mis en œuvre dans le cadre du travail d’analyse et de restitution des enquêtes de terrain.
Bien loin des logiques partisanes qui perturbent les débats sur les migrations, le registre militant s’inscrit ici dans une démarche de réhabilitation mémorielle à l’égard de populations ayant contribué au développement économique territorial par leur rôle dans les secteurs agricole et industriel, et ayant ainsi participé à la construction du patrimoine national. L’intérêt pour l’histoire et les mémoires de migrations n’est certes pas récent (Noiriel, 1988) mais peu d’études ont utilisé les outils visuels pour révéler des réalités sociales liées aux migrations dans une visée diachronique. Dans son article, François Duchêne défend la nécessité de montrer un corpus de clichés de familles migrantes hébergées dans les cantonnements d’une ancienne cité ouvrière au cours des années 1920-1960, comme une vertu pédagogique. Le corpus sur lequel il s’appuie comporte des photographies provenant de 37 familles, collectées à la fin des années 1990 par le comité d’entreprise de l’usine chimique qui salariait ces travailleurs immigrés, avec l’objectif d’exhumer la mémoire locale de l’immigration dans un contexte de montée du Front national. Sans ce projet d’entreprise à visée pédagogique motivé par le durcissement des rapports de force politiques locaux, on imagine la difficulté du chercheur à accéder à cette importante base photographique de plusieurs centaines de clichés disséminés dans de multiples espaces privés. En utilisant ces photographies pour exhumer des traces historiques de ce que la présence, la place et la posture des travailleurs immigrés et de leurs familles révèlent des réalités sociales de l’époque, le chercheur octroie une autre vie, publique cette fois, tant à ces photos qu’à leurs protagonistes. La démarche de Julie Leblanc est similaire en plusieurs aspects. Son travail témoigne de la volonté de mettre en scène et de donner à voir des femmes immigrées aujourd’hui âgées de 60 à 80 ans comme des habitantes ayant contribué au même titre que les autres au développement social et culturel d’un lieu, dans une banlieue lyonnaise dont la réputation est encore aujourd’hui basée sur les émeutes de 1981 qui ont marqué l’apparition du phénomène des voitures brûlées. De la même façon, les stigmatisations à l’égard de la population d’origine sénégalaise dans deux grandes métropoles française et italienne constituent également une motivation assumée par Monika Salzbrunn, qui en fait le point de départ d’un travail d’enquête de grande ampleur dont l’objectif est de pointer les « processus d’empowerment » et de « retournement de stigmate ». L’auteure revendique cette posture militante en argumentant que « la mise en image est […] un acte de résistance créatif en réponse [aux] représentations homogénéisantes et dévalorisantes ». Ainsi, ces trois articles donnent à voir des réalités ségréguées et témoignent de la volonté de leurs auteurs de (re)donner crédit, par l’image, au point de vue des personnes qui ont fait l’expérience de l’immigration. Accorder du crédit au point de vue des enquêtés ne se résume pas seulement ici à adopter une posture empathique à leur égard, mais implique une analyse fine de ce que les images choisies par les enquêtés ou celles sur lesquelles ils posent, donnent à voir.
En ce sens, toutes ces images ont également une valeur et une portée scientifique, ici démontrées par l’analyse même que les auteurs en font. Julie Leblanc n’a de cesse de faire référence à l’« anthropologie partagée » du réalisateur et ethnologue Jean Rouch ou encore à l’« engagement ethnographique » cher à l’anthropologue Daniel Cefaï. Fabio La Rocca et Matthijs Gardenier insistent bien sur « la valeur sociologique de l’œil et du regard dans le processus de connaissance ». Non exclusives d’un point de vue méthodologique, les images participent d’une lecture multiscripturale prenant appui sur le recueil de données orales (comptes rendus d’échanges informels, entretiens…) et visuelles (photographie, dessin, expressions corporelles). Dans son article sur la mode mise en images, Monika Salzbrunn s’intéresse au « langage du corps » en tant que processus sensible permettant de comprendre les ressorts et les significations de la mise en scène de soi. Ici, la portée visuelle des expressions corporelles des personnes enquêtées contribue à appréhender les enjeux de la (re)présentation de soi. Dans une autre perspective, François Duchêne rappelle que les travaux sur les méthodes visuelles ont déjà démontré que la photographie en particulier constitue un outil de connaissance tout aussi important que ceux privilégiés dans les méthodes traditionnelles d’investigation, comme l’observation ou l’entretien. La photographie permet ainsi de renouveler les pratiques méthodologiques et plus encore l’écriture en sciences sociales (Maresca et Meyer, 2013). L’article de Lisa Raport illustre bien le rôle similaire du dessin en architecture, qui permet également une lecture différenciée et une écriture alternative propres à enrichir les sciences sociales. En s’aidant des principes des material culture studies, elle met en avant la capacité de l’architecture – à la fois dans sa matérialité et sa spatialité – à raconter des pratiques habitantes et des modes d’appropriation spatiale. Les « portraits habités » qu’elle mobilise sont construits sur des temps longs d’observation et sont le résultat d’un dessin alimenté et revisité en continu par l’observation de la chercheure et le récit ethnographique de ses enquêtés. Cette méthodologie permet, selon Lisa Raport, de « rendre compte en même temps du bâti et des pratiques habitantes ; de telle manière, les deux ne sont pas séparées par l’analyse, rendant possible de soulever leurs interactions ». L’architecture s’avère d’ailleurs une discipline précieuse en ce qu’elle permet de révéler ou de confirmer des réalités sociales. Les photographies sélectionnées par François Duchêne, qui révèlent son intérêt pour la conception architecturale des bâtiments des cantonnements, renseignent sur les conditions des ouvriers immigrés, considérées comme sanitairement plus précaires que celles des autres ouvriers dans les logements d’usine et cités ouvrières voisines. Quant aux « portraits habités » des maisons bruxelloise et rifaines dont Lisa Raport fait l’analyse, ils permettent de nuancer les paradigmes selon lesquels l’habiter migrant serait le résultat d’une transposition à l’identique des habitus d’origine. En confrontant trois lieux de vies contextuellement contrastants, l’auteure révèle des dynamiques de « traduction » spatiale et d’hybridation qui permettent aux habitants de répondre à des usages situés à la fois dans l’espace et dans le temps. Cette approche a été d’abord entreprise par Daniel Pinson (1989), architecte et sociologue de l’urbain, dans sa quête d’une meilleure compréhension des mutations de l’habitat urbain au Maroc, en cours dans les années 1980. Ses « relevés ethno-architecturaux » témoignent de négociations habitantes avec l’espace des pratiques quotidiennes. L’intérêt pour ces moments de friction entre l’usager et le lieu s’inscrit dans la lignée des travaux fondateurs d’Henri Lefèbvre (1958, 1961, 1981) sur la conception de la vie quotidienne. Il y a en effet, dans l’analyse de l’expérience spatiale de tous les jours, de la corvée routinière aux usages d’exception, une révélation de l’extraordinaire dans l’ordinaire. Depuis, les expérimentations des outils de représentation architecturale dans la recherche en sciences sociales ne cessent de se multiplier (Cieraad 2010 ; Jacobs et al. 2012 ; Hoddé 2013 ; Cousin 2019 ; Geerts 2019). Dans des travaux récents par exemple, des chercheurs (Lewis et al., 2018) expérimentent les visual narratives, des récits visuels construits à partir de techniques mixtes (collage, relevé à plat, extraits d’entretien), qui racontent la fabrique du chez-soi et explorent la relation complexe des usagers à leur environnement bâti dans un contexte d’après-guerre.
Enfin, le troisième registre utilisé par certains auteurs de ce dossier est artistique. Bien qu’a priori éloigné des attendus méthodologiques en sciences sociales où l’esthétique n’a guère sa place, il n’enlève pourtant rien au caractère scientifique de la démarche des auteurs qui, ici, s’en emparent. Leur démarche rappelle celle de six sociologues qui, lors d’un atelier de sociologie visuelle, invitaient à prendre au sérieux la question de la tension entre la « belle » photo, dont la qualité est esthétique, et la « bonne » photo, dont la qualité est heuristique (Meyer et al., 2019). Dans ce dossier, la démarche artistique est utilisée, voire revendiquée, comme un outil complémentaire permettant de renouveler le regard du chercheur. Que ce soit en faisant appel à des artistes plasticiens (François Duchêne, Julie Leblanc) et à une photographe (Julie Leblanc), ou encore en accordant une place prépondérante à l’art performatif (Monika Salzbrunn), le recours à des professionnels des outils visuels permet de décentrer le regard du chercheur familier de son objet d’étude, de provoquer des situations d’enquête inédites (Monika Salzbrunn confie la caméra à ses collaborateurs pour « capter l’imprévu ») et ainsi de révéler des aspects méconnus dans la compréhension des faits sociaux.
Les registres militant, scientifique et artistique de l’usage des images sont mobilisés tour à tour ou tout à la fois par les auteurs de ce dossier, de façon plus ou moins conscientisée ou revendiquée. Loin d’être exclusifs les uns des autres, ils se complètent admirablement en légitimant s’il en était besoin l’utilisation des méthodes visuelles et en procurant une épaisseur à l’analyse des situations migratoires dans leurs dimensions à la fois historique, sociologique, anthropologique et ethnographique.
La genèse de ce dossier s’inscrit dans une collaboration de plusieurs années entre ses trois coordinatrices. À l’origine en 2013, Christine Larrazet2 et Isabelle Rigoni mettent en place l’atelier Médias au sein du Centre Émile Durkheim (UMR 5116), consacré au rôle de l’activité médiatique dans la monstration et la compréhension des faits sociaux, et publient un dossier spécial (Larrazet et Rigoni, 2014). À mesure des préoccupations de recherche des membres du laboratoire, il est apparu nécessaire de faire évoluer le thème de l’atelier vers une orientation Médias et méthodes visuelles (MMV). Myriame Ali-Oualla a alors rejoint le projet.
Issues de plusieurs champs disciplinaires, chacune apporte alors ses propres interprétations et savoir-faire relatifs à l’intégration des méthodes visuelles dans ses enquêtes de terrain et leur analyse. Américaniste proche de la sociologie des médias tout autant que des race relations, le travail de Christine Larrazet emprunte aux sciences sociales nord-américaines relatives à la problématique combinée de l’inégalité raciale/ethnique et de la production et des effets des contenus médiatiques dans l’organisation des rapports sociaux. Politiste de formation et sociologue des mobilisations des personnes en situation de migration, Isabelle Rigoni a longtemps travaillé sur les médias issus des migrations avant de se spécialiser sur l’inclusion socio-scolaire des mineurs migrants avec lesquels elle a co-construit des méthodes participatives et collaboratives adaptées, incluant les méthodes visuelles (Armagnague et Rigoni, 2016). Dans un premier temps, l’usage de la photographie dans des situations de classe a été présenté comme un « reportage photo » lié à des projets scolaires, permettant ainsi d’un point de vue pragmatique de justifier et de faciliter la présence de la chercheure auprès d’écoliers et de collégiens allophones nouvellement arrivés en France. Puis, surtout, le recours à la photographie lors des séquences d’observation de type ethnographique a permis de saisir des subjectivités restées tues au cours des dizaines d’heures d’observation et d’entretien précédant les séances où les méthodes visuelles ont été déployées.
Ensemble, Christine Larrazet et Isabelle Rigoni ont eu l’opportunité, au moment de l’accélération des arrivées migratoires du milieu des années 2010, de travailler à la fois à une réflexion épistémologique sur l’utilisation des méthodes visuelles dans leurs travaux respectifs, et à leur mise en œuvre au moyen d’un projet commun sur les expériences migratoires de jeunes hommes ayant emprunté des routes terrestres et maritimes. Ces travaux en cours utilisant la photo-élicitation (Harper, 2002) ont été nourris par les partages d’expérience méthodologique de Douglas Harper (sociologue et photographe, co-fondateur de l’International Visual Sociology Association), invité lors de l’atelier MMV en 2017. Ces travaux ont également commencé à être discutés dans le cadre de plusieurs événements scientifiques internationaux ainsi que du GDR « Image, écritures transmédias et sciences sociales » (INSHS/CNRS, 2019-2021), qui rassemble une centaine de sociologues, anthropologues, géographes, politistes, spécialistes des media studies et du cinéma investis dans la fabrication et la diffusion d’œuvres articulant texte, image et son, et partageant des questionnements sur la narration transmédias dans l’analyse des faits sociaux.
Pour sa part enfin, Myriame Ali-Oualla, en tant qu’architecte, apporte un regard nourri tout au long de sa formation et de son exercice par la manipulation, la création et l’analyse du visuel. Son travail socio-anthropologique sur le rapport des habitants de bidonville à leur espace habité a évolué, à partir de fin 2015, pour couvrir l’expérience spatiale des individus en migration qu’elle traite en ayant recours à un appareil méthodologique composé, faits de récits visuels de différentes natures. Cette recherche fait l’objet d’une thèse en sociologie, sous les tutelles de l’Université de Bordeaux et de l’École nationale supérieure d’architecture et de paysage de Bordeaux.
1 Nous nous référons ici à l’acception du caractère humble donnée par le dictionnaire Larousse : « Qui montre un grand respect à l’égard d’autrui » ; « Qui a conscience de ses limites ».
2 Christine Larrazet a participé à la coordination de ce dossier mais n’a pas pu prendre part à la rédaction de ce chapitre, pour des raisons indépendantes de sa volonté.
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